Les allocations familiales en crise

Publié le par ACROPOLE

Yves-Marie Laulan, économiste, démographe et géopolitologue (fondateur de l’Institut géopolitique des populations) a enseigné dans plusieurs universités, à l’Institut d’études politiques, à l’Université Paris-Dauphine ou encore à l’École Polytechnique. Fort de son expertise dans ce domaine, il a analysé pour Novopress un effet désormais pervers et souvent ignoré des allocations familiales, compte tenu de l’évolution de la population dans notre pays.

Les allocations familiales, crées par le Général de Gaule au lendemain de la Libération, ont été un puissant levier pour relever la natalité française pendant les Trente Glorieuses.

Le malheur veut qu’au fil des années, elles ont été peu à peu « grignotées » par une succession de gouvernements plus soucieux de rigueur budgétaire que de maintien de la natalité. Elles servent aujourd’hui à financer tout et n’importe quoi, depuis l’aide au logement social jusqu’aux aides aux handicapés en passant par les parents isolés et la recherche d’emploi.

Mais il y a pire : avec les vagues successives d’immigration de masse (environ 250 000 par an) et de naturalisations massives (environ 150 000 par an) (1) que la France a connues depuis une trentaine d’années, les allocations familiales ont été détournées de leur sens, notamment en ce qui concerne les familles nombreuses, (c’est-à-dire au-delà du troisième enfant). Elles sont ainsi devenues un puissant instrument d’incitation à l’immigration et à la substitution d’une population d’origine étrangère (ou immigrée) à la population d’origine.

Cette situation est illustrée jusqu’à l’absurde par la récente départementalisation de Mayotte acquise depuis le 29 mars dernier. Qu’on en juge : Voilà que la République va s’enrichir de 187 000 nouveaux citoyens, hier Africains, aujourd’hui Français, pratiquement tous musulmans et largement polygames. Leur taux de fécondité (le nombre d’enfants par femme) est de 8,2 contre 1,6/1,7 pour la France métropolitaine de souche. Avec l’extension des allocations familiales à cette population, il faut sans doute s’attendre à ce que le taux de fécondité moyen augmente encore pour passer peut-être la barre des 10 enfants par femme. Ce qui pourrait peut-être poser quelques problèmes à terme.

lafrancefinanceIci encore les chiffres sont éloquents. Une publication récente indique ainsi qu’en Ile-de-France en 1999, les familles de trois enfants ou plus, soit 360 291, représentaient environ 12,6 % du total des familles (1 868 398) (2), les familles de quatre enfants ou plus, soit 111 777, représentaient 6 % du total. On peut légitimement supposer, faute de chiffres plus récents, que la situation n’a guère changée en 10 ans depuis cette date, sinon dans le sens d’un renforcement de ces tendances.
Il faut bien voir que l’écrasante majorité de ces familles nombreuses était constituée de ménages d’origine étrangère ou récemment naturalisés (il y aurait entre 30 000 et 50 000 familles polygames en France selon certaines sources, bien davantage selon d’autres), si bien que les familles nombreuses d’origine autochtone ne représentent qu’une faible proportion du total.

La même publication nous indique que les familles nombreuses (quatre enfants ou plus) sont surtout localisées en banlieues ou en grande couronne (le Nord et l’Est de la région, Seine-Saint-Denis ou Val d’Oise). Les familles très nombreuses (cinq enfants ou plus) sont composées le plus souvent d’ouvriers ou d’inactifs et logent dans des HLM (3).

La conséquence est claire. Une publication de l’INED montre que la proportion de jeunes d’origine étrangère est passée de 11,6 % en 1968 à 18,1 % en 2005, notamment en Ile-de-France où elle est passée de 16 % à 37 % (4). En d’autres termes, sur les bases actuelles, bientôt le quart puis un jour le tiers de la population française sera d’origine étrangère (dont une très forte proportion naturellement provenant du Maghreb ou d’Afrique noire, donc musulmane) (5).

Cette situation ne peut manquer d’exercer une forte influence sur pratiquement toutes les facettes de la société française de demain, comme c’est déjà le cas aujourd’hui (croissance ralentie, problèmes scolaires à répétition, financement des retraites, coûts sociaux, insécurité et délinquance, libre exercice de la religion, un jour prochain des libertés publiques et privées). Dans de telle conditions, l’intégration devient un défi impossible à relever.

Cela dit, que peut-on faire ? Peut-on laisser les familles nombreuses d’origine européenne subventionner les familles nombreuses d’origine étrangère ? A l’inverse, ne serait-il pas inique d’abandonner les familles nombreuses d’origine européenne à leur triste sort, alors que celles-ci ont eu l’immense mérite, et le courage, d’élever de nombreux enfants ?

Les options ne sont pas nombreuses.

Les pouvoirs publics ne semblent guère se préoccuper de cette épineuse question.

Le mieux, selon eux, étant sans doute de ne rien faire du tout, l’érosion des allocations familiales au fil des années se chargeant d’émonder à la longue le caractère incitateur des allocations pour les familles de quatre enfants ou plus.

Il n’est évidemment pas question de reprendre la tentative avortée d’Alain Juppé à la Mairie de Paris voulant réserver les allocations aux seules familles françaises. Le principe d’égalité cher au Conseil constitutionnel ne manquerait pas de condamner cette démarche à une fin peu glorieuse.

Il n’y a pas de solution miracle mais simplement l’urgence de lancer une réflexion intelligente, qui prenne en compte la situation d’aujourd’hui, et non celle d’il y a 30 ou 50 ans, sur un problème gravissime et d’explorer certaines pistes concevables.

Bien sûr, les partisans de l’augmentation des allocations à des fins natalistes se focalisent essentiellement sur l’aspect financier de cette mesure, sans réfléchir aux implications démographiques qu’elle comporte. D’autant plus que pour certains ménages, ces allocations représentent, non point un soutien accessoire à l’éducation des enfants mais un revenu familial complémentaire non négligeable, quand il n’est pas principal.

Une première piste serait de renforcer significativement les allocations familiales servies au premier et au deuxième enfant, voire au troisième enfant – l’écrasante majorité des familles françaises - et de les supprimer totalement ou de les réduire fortement au-delà du troisième.

Une autre solution serait de demander à l’employeur, - entreprise ou Etat - de prendre le relais au-delà du troisième enfant sous la forme d’une allocation complémentaire. Ce qui aurait l’avantage d‘encourager les bénéficiaires de cette allocation à aller à la recherche d’un emploi.

Pour les professions indépendantes, ce serait aux collectivités territoriales de jouer ce rôle dans des conditions d’équité satisfaisantes.

Il ne s’agit, certes, que de simples suggestions qui risquent fort de froisser bien des idées reçues et des convictions ancrées. Il y en a sûrement bien d’autres qu’il conviendrait d’analyser avec soin. Mais il est exclu de se contenter de réclamer plus d’argent pour les allocations familiales et de se dispenser de lancer un effort de réflexion sur cette question.



(1) Source Maxime Tandonnet, Le défi de l’immigration, (François Xavier de Guibert, 2004) et Immigration ; sortir du chaos (Flammarion, 2006).
(2) Source INSEE, Atlas des Franciliens, Ile-de- France 2002 (iaurif), tome 3 Population de modes de vie..
(3) Les cadres et les professions intermédiaires se limitent le plus souvent à trois enfants.
(4) Source INED, Jeunes d’origine étrangère en France, Bernard Aubry et Michèle Tribalat.
(5) Il est de notoriété publique d’un bébé né l’année zéro donnera un adulte 18 ou 20 ans après.
(6) Les Antillais désignent les allocations familiales d’une charmante formule : « l’argent braguette ».

Publié dans économie

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